Questions pour ma Docteure | Saskia Thuot

Questions pour ma Docteure

Questions pour ma Docteure

Aujourd’hui, j’avais envie de prendre des nouvelles de Dre Chantal Guimont, collaboratrice à mon émission « Bien ».
Ensemble, on a parlé de beaucoup de choses, dont la COVID qui nous réserve encore bien des surprises…

Saskia : « Chantal, je veux d’abord prendre de tes nouvelles. En tant que femme et maman, comment ça se passe depuis les dernières semaines pour toi ? »

Chantal : « Honnêtement, ça se passe bien. Je travaille très fort ! Dans mon domaine, c’est certain que le confinement a eu une définition différente. J’ai été beaucoup, beaucoup sur le terrain ce qui fait en sorte que le confinement n’a pas beaucoup paru. Je ne me suis pas sentie isolée, mais ça a quand même été une période de très grande adaptation. On a dû modifier tous nos processus, toutes nos façons de faire pour être sécuritaire envers la clientèle et pour nous protéger nous aussi contre ce fameux virus. »

Saskia : « Est-ce que tout le monde autour de toi va bien ? »

Chantal : « Oui, mon conjoint et mes enfants vont très bien. Ils ont tous été hyper impliqués. Je suis vraiment fière de ma gang ! Mes deux filles travaillent en pharmacie. Mon garçon travaille à la réception d’une clinique médicale. Ils se sont tous mis dans l’action sans oublier d’être présents pour aider leurs proches. »

Saskia : « Ils ont quel âge tes enfants ? On a rarement la chance de parler de ta vie privée alors là, je me permets de te poser des questions un peu plus indiscrètes… »

Chantal : « Ils ont 18, 20 et 23 ans. Ce sont de grands enfants qui auraient pu profiter de cette période-là pour faire leurs cours à distance, rester à la maison et se reposer le reste du temps, mais ils ont choisi de s’impliquer et d’aller travailler et je suis bien fière d’eux ! »

Saskia : « Ça doit être inspirant aussi d’avoir une maman médecin. Souvent, en télé, on dit qu’on ne sauve pas des vies.»

Chantal : « C’est vrai, c’est une expression qu’on entend beaucoup sur les plateaux ! »

Saskia : « Tout à fait ! On fait juste de la télé, mais quand on regarde le métier que tu fais, toi, t’en sauves des vies ! Est-ce qu’avec tout ce qui se passe en ce moment, ton regard de médecin a changé sur ton travail ? »

Chantal : « J’apprécie énormément que le regard des autres ait changé sur notre travail dans les derniers mois. Je ne te cacherai pas que la hargne et la détresse que l’on sentait, parfois, chez certaines personnes parce qu’elles ne sont pas capables de nous rejoindre ou parce qu’il y a eu des négociations salariales sur la place publique qui n’avaient, à mes yeux, par leur raison d’être… Ça a fait en sorte, dans les dernières années, que plusieurs de mes collègues et moi, ont étaient parfois gênés de mentionner que ce l’on faisait comme travail… Ce que je trouve déplorable parce qu’on fait un métier extraordinaire ! Et dans nos bureaux, en personne, ce n’est jamais ça qu’on ressent. On sent que les gens ont des besoins et qu’on est là pour y répondre. Alors quand sur la place publique, on a arrêté de critiquer ouvertement notre profession, j’ai trouvé ça très rafraîchissant et ça a fait beaucoup de bien à mes collègues aussi.  »

Saskia : « Oui, j’imagine ! Et présentement, on met aussi de l’avant les gens de ton métiers qui sont un peu moins « louangés »… On le voit dans les CHSLD, dans des milieux qui sont connus ou plutôt moins reconnus et ça, je trouve ça l’fun ! Enfin, on leur dit « bravo », « merci » ! Et je pense que le regard en général va rester positif pour de nombreuses années, voire des générations à venir. »

Chantal : « Oui, je suis 100% d’accord avec toi. Je pense que plusieurs mettaient déjà de l’avant l’importance de tous les types d’emplois dans le domaine de la santé lorsqu’on était à l’intérieur, mais l’extérieur, effectivement, il y a plusieurs de ces personnes-là qui étaient moins considérées ou qui étaient un peu des fantômes dans une unité de soin… On ne les voit pas trop, mais c’est grâce à eux que le ménage est fait, que les civières sont nettoyées, que les patients sont confortables, etc. Donc oui, de mettre de l’avant ces professionnels-là, je trouve ça extraordinaire ! Je trouve ça valorisant pour eux. Et j’espère que toutes les conditions salariales qui sont en train d’être négociées vont être à la hauteur de leur implication dans une période aussi difficile. »

Saskia : « Et avec le manque de personnel, on espère que ça incitera certaines personnes à se diriger vers le réseau de la santé. Toi, à travers tout ça, comment tu as vécu ça Chantal ? J’imagine que tu as été en contacte aussi avec des gens qui ont fait face à ce « maususse » de virus-là. »

Chantal : « Où je travaille, on a décidé d’être clinique COVID, donc une clinique dédiée à l’évaluation pour les gens avec des symptômes qui peuvent faire penser à cette maladie-là ou des maladies confirmées. Donc oui, j’en ai vu beaucoup, j’en ai croisé beaucoup. On a dû faire preuve de beaucoup d’adaptation pour se protéger adéquatement, pour protéger nos employés aussi. J’ai des étudiants, des jeunes qui sont à l’université et qui viennent travailler à temps partiel… Il n’est pas question qu’ils s’exposent, dans le cadre d’un travail comme celui-là, à des conditions qui pourraient les mettre à risque d’attraper un virus comme ça… Ou du moins pas plus à risque que lorsqu’on sort pour aller faire l’épicerie. J’ai vraiment voulu ramener le risque de la clinique à un risque qui est aussi faible que possible pour tous les employés, même si on sait que le risque zéro n’existe pas avec un virus aussi sournois que la COVID.
D’un point de vue humain, j’ai réalisé l’importance de prendre soin de soi. Une émission comme la tienne, le titre de l’émission, « Bien », parfois, on l’oublie. On oublie de prendre soin de nos proches et de prendre soin de soi… La fatigue est là, je ne te le cacherai pas. On a besoin de se ressourcer. Les vacances… On ne sait pas trop à quel moment on pourra les prendre… » 

Saskia : « D’après moi, tu vas les prendre au Québec. Ça, c’est pas mal confirmé je pense ! »

Chantal : « Il n’y aura pas de décalage horaire ! Ça va aider à se reposer davantage. Tu sais, des vacances en tourbillons, c’est parfois ça qu’on planifie, mais ce n’est pas toujours de ça qu’on a besoin. Je pense que de s’entourer de gens qui nous aiment, de s’accorder des petits plaisirs réconfortants, c’est ça qui fait la différence dans une période comme celle-là. »

Saskia : « Donc de revenir à l’essentiel finalement. Et s’il y a quelque chose aussi que ce virus aura réussi à nous imposer, c’est justement ça. Je dis ça, mais tu sais… Moi, contrairement à toi, tout s’est arrêté dans ma vie ! Bon, pas tout, évidemment ! La famille, ça s’est bien vivant et tout va bien, mais je n’ai plus de travail, je n’ai plus de tournage… Avant, je courrais toujours à gauche, à droite et là, j’ai été obligé de me poser et je trouve ça extraordinaire. Et d’un autre côté, je peux m’imaginer une fille comme toi, qui est dans l’action, qui travaille beaucoup… Nos deux réalités sont complètement différentes, mais en même temps, dans les deux cas, ça nous ramène à l’essentiel.
J’ai l’impression que c’est vraiment ça ! »

Chantal : « J’appuie 100% ce que tu viens de dire et malgré le fait que j’aie été dans l’action, je voyais sur les réseaux sociaux mes amis dire : « Ça n’a pas de bon sens cette période-là » et ça m’arrivait de leur répondre : « Et bien moi, j’apprécie le fait qu’en finissant de travailler, tout ce que j’ai à faire, c’est revenir à la maison, souper avec ma famille, prendre le temps de se parler… ». Ça, parfois, on ne prenait même pas le temps de le faire avant ! Mon travail oui, mais mettons-le de côté et pensons juste aux heures « après-travail »… Ces heures-là sont moins contaminées par toutes sortes de demandes sociales que j’apprécie, mais qui, parfois, prenaient des proportions trop grandes au détriment de notre famille. Je suis certaine Saskia que t’as passé plus de temps avec tes enfants dans les dernières semaines. »

Saskia : « Ben oui, c’est sûre ! D’ailleurs, on ne s’est jamais autant tappé sur les nerfs ! »

Chantal : « Oui, la contrepartie ! Ils ont quel âge, toi, tes trésors ? »

Saskia : « Mon garçon, Laurence, a 15 ans et Simone a 12 ans. Mais ça va super bien ! Je fais des blagues ! Là, je suis rendue à l’étape où j’ai des enfants qui me répondent, qui me disent mes quatre vérités… En même temps, on essaie de s’ajuster, mais ça va super bien. Et effectivement, passer beaucoup de temps ensemble, c’est vraiment l’fun ! De mon côté, je vis la garde partagée. Le papa prend les enfants aussi, on a décidé de faire ça comme ça, mais on fait très attention. Il y a une autre chose que j’ai remarqué… Tu es à Québec et moi, j’habite la Rive-Sud de Montréal. Je ne suis pas allée en ville depuis très, très longtemps, mais j’ai l’impression que dans les grands centres, la réalité est complètement différente. Dans ma banlieue, je ressens moins ce qui se passe. C’est plutôt quand je vais à l’épicerie par exemple que je le réalise. On dirait que dans nos maisons ou dans notre appartement, on le ressent moins ou du moins, c’est l’impression que j’ai. As-tu l’impression que dans les grands centres, c’est peut-être un peu plus stressant ? »

Chantal : « C’est certain Saskia que ce que tu dis est vrai. D’ailleurs, quand on regarde l’image mondiale de la pandémie, c’est beaucoup les grandes villes qui en ont souffert et le Grand Montréal, dont tu fais partie, est quand même une région qui est beaucoup plus touchée que le reste du Québec. Il ne faut pas pour autant baisser nos gardes et ne pas faire attention à l’extérieur de Montréal, L’avantage de ceux qui ne sont pas touchés, c’est qu’ils ont mis en place, et je le souhaite, vont maintenir des façons de faire pour se protéger. Ma crainte, c’est qu’il y ait une deuxième vague un petit peu plus importante dans les régions qui ont été moins touchées parce que, justement, on s’est tellement protégé qu’il n’y a pas eu de cas (ou presque pas) qu’on se dit qu’on s’est protégé pour rien… Mais oui, les grands centres, c’est là où il y a beaucoup de proximité et donc, c’est là où ça s’est beaucoup propagé malheureusement. »

Saskia : « Je vais oser te poser la question Chantal… On entend beaucoup parler dans les médias d’une possible deuxième vague… D’où l’importance, comme tu l’as dit, de ne pas baisser la garde. Est-ce qu’on a le droit de savoir ce que vous en pensez dans le milieu de la santé ? »

Chantal : « Je ne veux pas être la porte-parole du milieux, mais mon impression, et je crois qu’elle est partagée par plusieurs parce qu’on en discute, c’est que la deuxième vague est inévitable. Le grand point positif, c’est qu’on a déjà mis en place les processus, les procédés, les codes pour se protéger… Donc il n’y aura pas cette espèce de folie d’adaptation, mais il va falloir être très, très, très à l’écoute des chiffres qui vont nous parler et identifier s’il y a autre chose qui s’en vient.  Elle n’est pas obligée d’être grosse la deuxième vague. Elle peut être toute petite parce qu’on fait très attention. C’est à nous, comme société, d’agir en fonction de l’apparition ou de la réapparition de ce virus-là, mais c’est inévitable Saskia. »

Saskia : « Donc il faut qu’on reste très vigilants, c’est pas mal entre nos mains. Je me souviens d’une des dernières chroniques que tu as fait avec nous… C’était bien avant la COVID ! On était en pleine période du rhume et de la grippe et tu parlais de l’importance de se laver les mains souvent, d’aller prendre l’air, de prendre soin de soi… »

Chantal : « D’aérer nos maisons… »

Saskia : « Oui, exactement ! Et là, c’est comme si la nature s’en était chargée aussi. Donc on prend soin de soi, on continue d’écouter les consignes… Le déconfinement, on se calme un petit peu, parce que c’est tentant de…
On s’ennuie de se toucher quand même ! Moi, je m’ennuie de serrer mon monde dans mes bras, mais une chose à la fois. »

Chantal : « Une chose à la fois et c’est super important d’encourager nos proches, nos commerces locaux… Ce n’est pas parce qu’il y a un déconfinement qu’on doit s’empêcher d’aller les voir ces commerçants-là ! Mais il y a moyen, comme tu viens de le dire, de le faire de façon sécuritaire. Je suis allée chez le coiffeur hier et j’ai porté un masque. Tout le monde en portait un d’ailleurs, tout le monde se lavait les mains, tout était désinfecté… Je n’ai senti aucune crainte. Même pour les aînés, je suis convaincue que ce n’est pas chez le coiffeur qu’ils arrêteraient la COVID parce que les mesures sont prises pour protéger tout le monde et c’est ça qu’il faut mettre de l’avant. Il ne faut pas s’empêcher de sortir, il faut le faire d’une façon différente. Donc il faut y aller, mais de façon sécuritaire. »

Saskia : « Tout à fait ! En quelque part, c’est bien que l’on fasse ça ainsi parce qu’il faut que ça continue de rouler ! Mais peut-être que dorénavant, on portera le masque… On s’habitue à tout! L’être humain sait s’adapter 😉 et il ne faut pas lâcher!

Oh que non faut pas lâcher! Prenez soin de vous!

Saskia xxxxx

Rédaction par Stéphanie Roy.

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